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Les mots justes…

Bien qu’on nous rabâche en formation en communication – moi la première- que les mots ne forment que 7% du message, voici plusieurs anecdotes glanées cet été dans mon entourage qui démontrent que le choix des mots a un impact déterminant sur une situation relationnelle…
Il s’agit tout d’abord d’ une cousine avec qui je profite du « dernier bain de soleil avant la rentrée » et dont la fille de 25 ans vient d’écourter hâtivement une conversation téléphonique.
Visiblement vexée que sa mère émette des réserves sur son projet de changer d’entreprise et de lâcher un CDI, elle raccroche et envoie un sms « C’est pas gentil maman ! » Agacée de cette réaction qu’elle juge inappropriée, ma cousine s’apprête à répondre : « Ne le prends pas si mal, je me pose simplement la question du bon timing alors que tu viens de prendre un appartement plus cher… »
Me demandant ce que j’en pense, je lui indique que porter à son tour un jugement de valeur risque d’avoir pour effet de provoquer l’emballement émotionnel et lui propose de réfléchir à une formule plus neutre ; elle choisi donc « Appelle moi lundi après ton entretien, on en parle tranquillement » et obtient en retour « D’accord maman, passe un bon week end ! »
Je suis chaleureusement remerciée – c’est tellement facile quand on est pas impliqué dans la situation lui dis je – tout de même je suis contente que le choix des mots par mon intermédiaire ait permis à toutes – moi y compris- de profiter sereinement de cette agréable journée de cet fin d’été !
La seconde situation se passe à la maison avec une amie en mutation professionnelle. Elle me raconte comment son mari vient de lui signifier la veille au soir qu’il trouvait son projet de « faire du consulting » peu abouti: » Il serait temps que tu te mettes un peu la pression !…. » lui lance t’il.
Encore émue par l’impact de cette formule laconique, elle me confit : » Après 20 ans en entreprise et un licenciement , c’est sûrement pas de pression dont j’ai besoin, il a rien compris ! » Certes … mais derrière ces mots malhabiles, que veut il dire au juste ce chef d’entreprise habitué à ce que ça roule autour de lui ? » J’en ai marre de ton projet qui n’abouti pas, retrouve vite un boulot et arrête de te plaindre ! » ou bien » Je suis inquiet parce-que j’ai l’impression que ça n’avance pas vite et je ne sais pas comment t’aider « » (des mots que peu d’entre nous sont capables de formuler du premier coup… )
Est ce que tu lui a dit que ça t’avait blessé, lui dis je? » Non », et si tu allais le voir en se mettant à sa place avec une formule du genre « Je comprends que ce ne soit pas facile pour toi de me voir hésitante mais j’ai encore besoin de temps car les choses sont plus difficiles à mettre en place que je ne l’aurais imaginé … » Ça te permettrait de renouer le dialogue et de sonder son véritable état d’esprit, en tous les cas c’est probablement ce que je conseillerais en formation communication dans mes stages….
La suite ne dit pas ce qu’il s’est passé au sein de l’intimité de ces familles, mais ces quelques confidences et échanges sur le mode de la confiance m’ont permis de mettre en exergue deux tendances actuelles en matière de communication:
– nous communiquons avec peu de mots en première intention, ce qui rend souvent nos formules violentes pour ceux qui les reçoivent
– nous gagnerions du temps et de l’énergie à exprimer nos propres émotions avant de qualifier les intentions des autres
Ceci afin de conserver la qualité du lien dont nous avons tous besoin pour notre bien être : se sentir proche et compris !