Après « La voix », grande exposition pédagogique à la Cité des Sciences qui se termine le 28/09, peut on dire que 2014 aura été l’année de la voix ? J’ai passé pour ma part une partie de mon été à enrichir mes connaissances autour de la voix et à en professionnaliser la transmission .
La voix est pour mon activité de formatrice une ressource essentielle, mise au service des apprenants, ainsi qu’un terrain d’expérimentation joyeux depuis mon enfance. Mais tous ces souvenirs positifs ( chant à l’école primaire, récitation de poème au collègue ou au mariage de ma meilleure amie…) mêlant excitation et plaisir ne sont pas le lot de tout un chacun, j’en ai bien bien conscience ! Combien d’entre nous considèrent à contrario l’activité de prise de parole en public comme une situation d’exposition au regard de l’autre, voire comme un risque d’humiliation ? Il semble, selon toutes les études à ce sujet, qu’au moins un quart de la population ressente un stress aigu à cette idée, et que peu de personnes gardent un souvenir plaisant de leur expérience en compensation … Et pourtant, si le jugement de sa capacité de parole par autrui est un véritable facteur de stress, la voix agit comme un médicament naturel grâce à ses vibrations qui produisent des hormones bienfaisantes. C’est ce qu’explore avec panache la superbe exposition » Vocal vibrations » proposée par le Laboratoire jusqu’au 26 septembre http://lelaboratoire.org/DPint-FR%20web.pdf , qui est articulée en deux temps:
un temps de méditation avec l’ écoute d’enregistrements de voix de professionnels qui exercent leur arts entre « maîtrise et lâcher prise »
un temps d’exploration (écoute et ressenti corporel de sa propre voix), grâce à un dispositif d’externalisation des vibrations
David Edward, fondateur du Laboratoire à Paris, présente le sujet de cette proposition d’expérimentation par ces mots très justes: « la voix est une vibration très connectée au corps. Elle permet d’asseoir notre identité et est un vecteur d’harmonie entre notre corps et notre esprit. Connaitre sa voix, c’est se connaître. L’écouter et la maîtriser c’est agir sur sa propre condition… »
Cette visite fut ma première source d’enrichissement, magnifiquement complétée par la lecture d’un récent ouvrage de recherche intitulé « La voix et soi, ce que notre voix nous dit ». Joana Revis, orthophoniste et professeure université, explore dans cette étude les composantes de la voix dans ses dimensions physiologique, psychologique et relationnelle à travers la compilations d’informations scientifiques complétées par sa propre expérience. Cet ouvrage constitue un recueil impressionnant des recherches sur le sujet, dont la présentation de nos différents état d’éveil ( arousal) qui caractérisent notre performance vocale, et confirme qu’entre apathie et stress, il existe un état optimal d’équilibre, propice à la décontraction et à l’efficacité applicable à l’émission de sons ! Probablement à voir avec le flow ( concept théorisé par Csikszentmilayi) , qui engendre un état de résistance à la fatigue et génère une meilleure motivation au travail…
Elle nous met également en garde contre l’ absence de conscience de nos limites, responsable de nombreux forçages qui peuvent altérer durablement les cordes vocales de ceux pour qui, émettre un message à tous prix, fait oublier les mesures de prévention primaires ( se reposer, parler plus doucement, attendre le silence pour s’exprimer…)
J’ai moi même eu la chance d’animer un atelier QI GONG et voix cet été à l‘Espace des Possibles, où j’ai mêlé différentes techniques et influences ( Qi Gong bien sûr mais aussi, enseignement du Roy Art Theater, de Sylvie Syvan et de Louise Vertigo …) et de me rendre compte à quel point le travail sur la voix est un sujet sensible qui gagne à être abordé par sa relation au corps et aux autres dans la fluidité et l’unité. Les personnes qui se sont inscrites à cette proposition sont venues soit pour un problème de souffle, une voix cassée, une difficulté à produire des notes aiguës ou à se relâcher ou encore par manque de confiance en soi. La plupart avaient des a priori sur leurs capacités vocales et ne connaissaient pas l’amplitude de leur propre voix. La proposition pédagogique proposée pour ce type de besoins est d’associer progressivement un son aux mouvements corporels souples et libres, de progresser en groupe par la confiance, la légèreté et le non jugement :
Travail sur la posture verticale, la respiration, l’émission de sons intérieurs, légers, métalliques, graves… alors, petit à petit, chacun a la possibilité d’écouter sa voix et de la faire entendre aux autres. Avec de belles surprises à la clé, comme nous le confirme Valérie:
« On lâche et on ne sait pas ce qui va sortir, on n’a pas d’obligation de résultat, ce qui permet de s’ouvrir et de laisser venir ce qui doit venir… »
Je suis donc ressortie de cette expérience remplie de joie et de bien être et vous incite à prendre le temps d’ écouter votre propre voix en vous amusant et à profiter de la voix des autres, plus particulièrement quand elle émet un son libre et détendu ! Et si vous êtes à ce moment là dans une écoute bienveillante, alors vous y serez peut être pour quelque chose … Voici pour la rentrée un exercice de détente et de relâchement du larynx:
Effectuez des bâillements sonores, la bouche grand ouverte, avec un son tourné vers l’intérieur, sur le son « AO ». Amplifiez la sensation de détente en vous assoyant très spontanément dans un fauteuil en même temps que vous émettez le son. Faites ce mouvement 5 à 7 fois en déposant complètement le poids du corps et en relâchant les bras. Ecoutez ensuite votre voix parlée, il est probable que vous ayez la sensation d’une meilleure amplitude au niveau des articulations mandibulaires, ce qui veut dire que vous avez gagné en détente! Vous êtes donc plus un peu plus proche de cet état de conscience optimal pour réaliser des prises de paroles dans la tranquillité ! 🙂
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