Ces dernières semaines les articles relatifs à l’épuisement professionnel ont fleuri comme un printemps de préoccupations autour du monde du travail …
Les partisans de la reconnaissance du Burn Out comme maladie professionnelle sont de plus en plus nombreux mais restent dans le même camp politique…Benoît Hamon vient d’ajouter sa voix aux sénateurs socialistes pour aller dans le sens d’une proposition de loi à laquelle le ministre du travail répond timidement par un amendement qui ouvre la reconnaissance des maladies psychiques d’origine professionnelle et propose un abaissement du taux ( actuellement de 25 %) mais refuse d’inscrire le Burn Out au tableau des maladies professionnelles jugées « une fausse bonne solution… »
Cet amendement est à première vue en contradiction avec les travaux de la DGT qui établit clairement que le Burn Out n’est pas une pathologie psychique comme la dépression ou l’addiction, mais un syndrome d’épuisement d’origine purement professionnelle qui peut amener à l’une ou l’autre de ces maladies… Faut- il donc attendre qu’une véritable maladie survienne pour indemniser les effets délétères d’un problème de travail* sur la santé des 3 millions de salariés potentiellement en risque? (*surcharge accompagnée d’un manque de soutien et de reconnaissance)
Ce sujet chaud arriverait- il à un mauvais timing? Mr Rebsamen aurait il donc à cœur, comme certains le pensent, de ménager le MEDEF qui voit déjà d’un mauvaise œil une nouvelle contrainte réglementaire après le dossier sur la pénibilité? Craindrait t ‘il que l’ emballement juridique prenne le pas sur le système de prévention efficace appelé par chacun de ses vœux et qui tarde à voir le jour?
Au même moment la Direction Générale du Travail publie un guide d’aide à la prévention destiné aux professionnels internes et externes aux entreprises. L’objectif premier de ce document est de clarifier la spécificité du Burn Out par rapport aux pathologies psychiques afin d’en faciliter le reconnaissance et de dresser une liste d’actions d’aide à la prévention à tous les niveaux ( primaire à tertiaire).La plupart de ces propositions sont issues des recommandations pluridisciplinaires en matière de prévention des Risques Psychosociaux et constituent un bon manuel de travail pour les consultants en Qualité de Vie au Travail dont je fais partie, mais ont peu de chance d e franchir la porte des Comités de Direction des grands groupes dont les préoccupations économiques prennent le pas sur les actions de prévention, à tord sans doute….
Pourtant, chacun d’entre nous a en tête un proche, voisin, ami, cousin qui vit une situation professionnelle en tension limite… quand nous l’écoutons nous aimerions que sa situation soit mieux évaluée avant de basculer dans un problème de santé . Cette personne que nous aimons bien n’a rien d’un Kamikaze ni d’une « chiffe molle » mais n’arrive plus à s’extirper d’une histoire professionnelle qui lui fait mal et dont personne autour de lui n’a vraiment pris la mesure …
Et si c’était tout simplement ça la reconnaissance du Burn Out en maladie professionnelle ? un moyen pour que chacun -employeur, salarié, partenaires sociaux, politique- prennent la mesure du risque à sur investir la sphère travail au détriment de la Qualité de Vie ?
Un peu comme certains industriels de l’agro alimentaire qui ne voient pas que la nature ne peut produire autant de la même chose, contrairement à ce qu’ils ont imaginé dans leur rêve expansionniste, et qui refusent de payer les dégâts causés par l’utilisation du Glyphosate, en comptant sur le bon sens des paysans pour agir en « bon père de famille » alors qu’ils sont en vérité étranglés par un modèle productiviste qu’ils ne contrôlent plus depuis longtemps…
Même Télérama s’en mêle cette semaine en apportant des recommandations pour éviter à tout un chacun de péter un plomb à cause du travail, comme ralentir volontairement ou repousser l’étau des injonctions …
Chacun se fera son idée dans ce florilège de réflexions qui à mon sens ne va pas jusqu’au bout, en oubliant de penser un nouveau modèle de société, probablement encore à inventer…
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