Les managers qui sont en charge de l’accompagnement du changement ressentent depuis quelques années une accélération du temps. A les entendre, le manque de temps serait un des facteurs de stress qui pèserait le plus sur la qualité de la vie au travail et sur la qualité de leur travail tout court..
Que se cache t il derrière cette perception partagée que le temps nous échappe, en particulier quand on exerce des fonctions managériales de proximité ?
Du côté des chercheurs, on trouve des clés de compréhension globale du phénomène de l’accélération du temps avec Hatmut Rosa et Norbert Alter dont les travaux offrent de précieux repères dans les nouveaux rapports qu’entretient l’homme au travail avec le temps. Le philosophe allemand décrit pour sa part la compression du temps dans notre société moderne tardive, liée à la densification des épisodes dans l’action et redéfini la mesure du rythme, non pas au nombre d’actions entreprises, mais à la qualité des expériences chargées de nourrir l’intérieur de l’individu. Le sociologue français lui identifie les conflits de temporalités (dyschromies) et dégage un problème principal à traiter, celui de l’ articulation des changements permanents et des acteurs qui les mettent en place.
Pour approcher davantage la réalité de la population managériale, l’occasion idéale a été donnée par l’APSE (association des professionnels en sociologie de l’entreprise) qui organisait le 10 janvier dernier un atelier de réflexion autour de ce thème, en regroupant une populations variée ( managers de grandes entreprises, consultants, RH, syndicalistes, acteurs publics). Cette séance d’échanges et de travail a permis de dégager des éléments de réponse et de poser une nouvelle question : l’accélération est elle la conséquence de l’ évolution structurelle de nos activités qui bouscule notre perception du temps ?
Analyse des mangeurs de temps :
Une augmentation des temps gris (activités non identifiées) est observée ainsi qu’une part de plus en plus significative passée à la gestion de projets qui décentre de l’activité cœur de métier; on comprend alors pourquoi nombre de managers ne passent plus que 10 % de leur temps à s’occuper de leur équipe !
Perception du temps orientée par le manque d’autonomie et de sens :
Le temps contraint, notamment à réaliser des actions de reporting à l’instant T, influe négativement sur la perception du temps des managers, car si le voyage le plus court est celui où je ne me suis pas ennuyé, peu d’entre eux trouvent attrayant l’action de remplir des tableaux avec des indicateurs dont personne ne sait plus à quoi ils servent … Ce ne sont pas les outils ( technologiques ou de communication) qui sont responsables de ces dérives, mais ceux qui en impose une utilisation excessive avec une confiance démesurée dans la rationalité alors qu’il est admis que la désorganisation fait partie du processus de travail intellectuel...
Quelle place réserver aux actes de résistance individuel ?
Prendre position, s’engager à respecter ce pour quoi on est payé ( sa mission, en relation avec son identité professionnelle) en dépit des sollicitations multiples serait une réponse, vécue par certains comme un acte de courage individuel avec les risques que cela comporte ( être mis de côté) mais aussi le rôle protecteur sur sa propre santé mentale (cohérence entre ses pensées et ses actes, une forme d’alignement)
Les bonnes pratiques pour décélérer:
Énoncer dans les entreprise des règles utilisation des NTIC compatibles avec le cadre du contrat et le bien être au travail Prendre du recul avec le tourbillon ambiant et être dans le moment présent ( par des technique de centrage corporelle…) Organiser des groupes de pairs pour permettre l’échange des expériences et des pratiques et favoriser le retour libérateur à l’informel, à la réflexion car il n’y a pas que l’action qui contribue à la performance…
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